Sur les pas de Saint Mélar ....

Légende et histoire

Lorsque l’on aborde Saint Mélar il est difficile de savoir quand on quitte l’histoire pour entrer dans la légende .
La présentation qui suit , inspirée par les nombreux textes existant sur le sujet ne contient aucune improvisation .
Le lecteur trouvera là l’occasion d’exercer sa perspicacité , voire d’aller plus loin s’il est intéressé , en consultant les livres qui relatent l’histoire et/ou la légende de Mélar  ( Bibliographie ).


Certains auteurs font vivre Mélar au VI siècle .

Les premiers écrits connus qui le concernent datent du XII ème siècle ; c’est dire si le temps de la tradition orale a permis à l’imagination d’enjoliver l’histoire à partir de faits réels.
La vie de Saint Mélar tirée du bréviaire de Saint Malo a été écrite en 1537 ; un autre ouvrage de référence : « la vie des Saints de la Bretagne » a été rédigée au XVII ème siècle par un moine morlaisien ( Albert Le Grand ) , mais le livre tiré de son manuscrit ne fut imprimé qu’ en 1835.
Par quels canaux les informations du VI ème siècle ont-elles été véhiculées jusqu’au XII ème siècle et aux suivants ?
l’énigme demeure en partie .

 

Yann Reith , le premier ancêtre connu de Mélar serait venu de Bretagne ( l’actuelle Grande Bretagne ) à la fin du V ème siècle , poussé à l’exil par les envahisseurs saxons .
Successeur du fameux roi Gradlon , mais apparemment sans lien de parenté avec lui , Yann Reith eut en descendance directe un fils Daniel , un petit-fils Budic et un arrière-petit-fils Méliau .

Nous y sommes : c’est ce Méliau qui est le père de notre Mélar .
Méliau était à l’époque (530-537) le seigneur – le « roi » - d’une terre dont les contours approximatifs sont ceux de notre Trégor et de notre Léon d’aujourd’hui.
Mélar était donc naturellement appelé à succéder à son père .
C’était sans compter l’ambition qu’avait un certain Rivod , roi de Cornouailles , d’étendre son royaume .
Ce Rivod n’était autre que le frère de Méliau.
Dans un premier temps , Rivod fit assassiner son frère. Il faut se souvenir qu’à cette époque ( le VI ème siècle ) les Mérovingiens commençaient d’asseoir leur règne et que les moeurs étaient souvent violentes et le respect de la vie très approximatif !
Devenu le tuteur légal de Mélar ( 531-544 ) alors âgé de 7 ans , Rivod se rendit compte rapidement qu’il avait là un concurrent potentiel à la domination du royaume . Il prit donc le parti de l’éliminer à son tour et – pour ce faire - soudoya ses précepteurs pour qu’ils l’empoisonnent.

Cet épisode de la vie de Mélar , comme ceux qui vont suivre ont été illustrés par des panneaux sculptés visibles encore aujourd’hui sur la chaire de l’église de Lanmeur.


( Ces panneaux furent réalisés chez Caujean à Landerneau ) .

Mélar empoisonné .

saint-melar-empoisonneA l’occasion d’un repas Mélar fit un signe de croix au-dessus des mets pour s’en remettre à Dieu . Un premier miracle s’accomplit , faisant apparaître aux yeux de tous le poison versé sur les plats . Les coupables se confondirent en excuses et implorèrent le pardon de Mélar qui, magnanime, le leur accorda .
L’assemblée des tiers décida alors de mettre l’enfant sous la protection de l’évêque de Quimper qui lui-même le confia pour sa formation au comte Kérialtan qui en devint dès lors responsable .
Rivod ne désarma pas pour autant et monta un nouveau projet d’assassinat en demandant aux exécutants pressentis de décapiter Mélar .
A peine ceux-ci furent-ils mis en sa présence que touchés par la grâce ils renoncèrent à leur forfait et implorèrent la clémence de Rivod . Celui-ci feignit de se laisser fléchir mais décida plutôt d’amputer Mélar de sa main droite et de son pied gauche , l’empêchant ainsi de manier l’épée et de monter à cheval ce qui lui barrait définitivement – pensait-il - la route du pouvoir.

Amputation de Mélar

saint-melar-amputationC’était sans compter sur une nouvelle manifestation de la puissance divine .
Lorsque ses blessures furent cicatrisées on lui confectionna une main d’argent et un pied d’airain qui miraculeusement grandissaient en même temps que son corps lui permettant de compléter sa formation de chevalier.

 

 

 

 

Mélar chevalier

saint-melar-chevalierMélar , toujours sous la protection de l’évêque de Cornouailles reçoit du comte Kerialtan l’éducation qui sied à un prince .
la détermination de Rivod , informé de la situation, ne s’en trouva nullement ébranlée .
Toujours rongé par l’ambition et la jalousie , il réussit à corrompre Kérialtan pour qu’il assassine Mélar en le décapitant et lui rapporte sa tête avant de toucher la récompense convenue .
Ce projet est déjoué grâce à l’intervention de Rarisia l’épouse de Kérialtan , qui informa Mélar des risques qu’il encourait . Celui-ci décide alors de s’enfuir , de franchir les Monts d'Arrhées et de se réfugier chez son oncle Conomor seigneur du château de Beuzit/La Boissière à Lanmeur , ( aujourd’hui le lieu dit Ru-Peulven sur la route de Plouezoc'h à quelques centaines de mètres de la ville ) .
Kérialtan accompagné de son fils Justin réussit à retrouver la trace de Mélar qui, prévenu de l’arrivée des visiteurs, les reçoit volontiers .
Saisi de joie à la vue de son précepteur , Mélar accepte de l’accompagner pour lui faire découvrir la région , sans se douter du traquenard qui l’attendait .
Kérialtan l’invite à dîner dans l’hostellerie de la ville que la légende situe à l’emplacement de l’actuelle banque en face l’église sur la place de la ville .
Au moment de se séparer , Justin , sur un signe de son père assène un grand coup d’épée sur la tête de Mélar avant de le décapiter et de s’enfuir après avoir mis la tête dans un sac .

Mélar décapité

saint-melar-decapiteUne autre version prétend que c’est pendant son sommeil que Mélar aurait été décapité dans cette même hostellerie .
Quoiqu’il en soit , Kerialtan et Justin , une fois le forfait accompli, s’empressèrent de prendre la fuite . Justin se tua en sautant par la fenêtre . Kerialtan réussit à regagner Quimper ou il mourut rapidement après être devenu aveugle et donc sans avoir bénéficié des terres promises par Rivod qui lui-même succomba trois jours plus tard frappé par la justice divine .
C’est ainsi que Mélar fut sanctifié par la mémoire et la tradition populaire et devint Saint Mélar comme le fut d’ailleurs son père Méliau ( ou encore Milliau , voire Milliau ) .

yann Lazennec

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La sépulture

Averti de l’assassinat de son protégé , le conte Conomor ( voir légende et histoire ci-dessus ) fit lever le corps et en attendant les funérailles le fit porter en la chapelle de son château de La Boissière ou Castel Beuzit appelé quelques fois " douves de Saint Mélar " .
Le corps fut ensuite placé sur un char pour être conduit dans les environs de Lannion ( au lieu dit Lexobie ) , ou se trouvaient les tombeaux de ses ancêtres .
Malgré la direction que l’on s’efforçait de faire prendre aux chevaux blancs , ou bien était-ce des boeufs ?

qui tiraient l’attelage , ceux-ci – après que le char se fût rompu - s’arrêtèrent dans la ville , à l’endroit ou se situe l’église d’aujourd’hui .
On comprit ainsi que Dieu voulait que le corps du Saint fût enterré à cet endroit ou coulait un petit ruisseau à ciel ouvert . Aussi l’évêque de Dol bénit-il ce lieu et y fit inhumer le corps .
On peut imaginer que le sarcophage en granit qui finit par disparaître au XIX ème siècle, c'est-à-dire très récemment en fait , était protégé par une construction dont nous ne savons plus rien aujourd’hui .
Ce n’est que plus tard , le martyre du jeune prince en ayant fait un Saint dans la conscience populaire , que fût érigé le monument que nous connaissons : la crypte de Saint Mélar ( voir ci après ) .

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saint-melar-crypte-00La Crypte

Au delà de son histoire et de ses caractéristiques, la renommée de la crypte reste très liée à l’importance de Mélar dans l’histoire de Lanmeur en sa triple qualité de prince d’abord , de martyre ensuite , et enfin de Saint.
( voir "légende et histoire" ) .
Avant que les archéologues ne commencent à s’y intéresser vers 1930 , la crypte fut présentée par le chevalier de Fréminville comme : "une église souterraine qui ressemble bien certainement aux premiers temps du christianisme avec ses voûtes basses , ses arcades surbaissées et à plein cintre soutenues par de lourds piliers attestant bien l’architecture des premiers siècles de notre ère » .

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Mais les érudits continuent à se disputer :
Certains font remonter sa construction au VIème – VIIème siècle , tandis que d’autres , rendus plus prudents peut-être par l’absence de preuves irréfutables , la situe à la période pré-romane (IXème – Xème siècle) voire à la période romane (Xème – XIème siècle) .
Cette crypte reste néanmoins l’un des plus vieux monuments religieux de Bretagne , et peut-être le plus vieux comme l’affirment certains guides .
En revanche, on peut très certainement accorder foi à l’argument en faveur des moines envoyés à Lanmeur par Saint Samson lui-même , peu après le meurtre de Mélar qui , après avoir bâti le monastère de Kernitron ont très bien pu édifier un monument funéraire destiné à perpétuer le souvenir du jeune martyre .
Ce monument devint notre crypte au-dessus de laquelle fut ensuite construite une église dédiée à Saint Mélar( mais aussi à Saint Samson , entre temps disparu ) .
Cette vénérable construction , empreinte de la foi du passé s’est trouvée avec le temps pratiquement ensevelie sous le niveau du sol actuel ; mais il n’en a pas toujours été ainsi .
Dans chacun des murs latéraux sont percées des petites fenêtres très étroites avoisinant de façon frappante les pilastres correspondant aux piliers décorés .

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Selon un relevé de 1851 ( archives des monuments historique 34219 que nous reproduisons ci-dessus ) , trois fenêtres étaient percées dans chacun des murs latéraux . Les deux plus proches de la fontaine , laquelle est située au pied de l’escalier d’accès actuel ont été bouchées lors de travaux de consolidation , au moment semble t-il de la reconstruction de l’église en 1902/1903 .
Ces fenêtres n’ont que 20/25cm d’ouverture entre leurs tableaux mais avec des ébrasements très marqués vers l’intérieur .
Ces ouvertures servaient à éclairer l’oratoire à l’époque ou il n’était pas complètement enfoui sous terre ; elles pouvaient aussi servir à regarder de l’extérieur le tombeau du Saint dont on peut imaginer qu’il était situé entre les deux piliers décorés .
Le monument tout entier fait 8,78 m de longueur et 5,07 m de largeur, il est donc modeste maisnéanmoins divisé en trois petites nefs par deux rangées de quatre piliers cylindriques
qui reposent presque tous directement sur le sol , y compris les deux plus gros qui sont les seuls décorés de sculptures à leur partie inférieure. Ces piliers , contrairement à ce qui est parfois écrit , ne sont pas tous monolithiques . Il pourrait en fait s’agir de réemploi en provenance d’autres édifices . Cependant ils sont tous les huit surmontés d’un chapiteau alors que seulement les deux plus éloignés de la fontaine sont posés sur un socle .
Beaucoup d’hypothèses ont été émises au sujet des sculptures dans lesquelles certains auteurs voyaient des serpents entrelacés , ou encore des algues , d’autres même un symbole hindou , d’autres encore des tiges végétales plus ou moins courbées avec des rudiments de feuilles ou de fruits à leur extrémité .
En fait les fouilles d’avril 1985 en dégageant la base des motifs ont permis de trancher le débat :
Coté nord la « chose » représentée s’appuie sur une large racine . La plante identifiée par Philippe Guigon serait un ophioglosse , plante qui s’avère proliférer en milieu humide ce qui rend l’explication très cohérente Mais cette décoration est extrêmement rare et il serait bien sûr intéressant de connaître l’origine de ces piliers .

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Il est aussi à noter que le dallage a été modifié à plusieurs reprises au cours des siècles pour permettre entre autres choses la réfection du système de drainage . Quelques images ( voir le dessin ci-dessous ) laissent croire à un édifice de belles dimensions si l’on se réfère à l’échelle des personnages . En fait il n’en est rien ; ce dessin est très trompeur !

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Même si la réfection du dallage a pu entrainer une très légère modification du niveau du sol fini , la réalité surprendra le visiteur qui devra être prêt à courber la tête surtout en passant sous les voûtes dont la hauteur ne dépasse guère 1,60 m. ; les personnages représentés ne sont par conséquent pas du tout à l’échelle du dessin .
Quant aux piliers , y compris la hauteur des chapiteaux , ils mesurent 1,30 ou 1,35 m. ; ce qui supposerait que les personnages du dessin mesuraient à peu près  1m, cela ne semble pas très réaliste .
Le visiteur notera également en vis-à-vis de l’escalier actuel qui dessert la crypte une voûte marquant l’arrivée d’un second escalier très certainement créé pour faciliter la circulation des fidèles , voire encourager une circulation à sens unique au moment des grandes célébrations de Saint Mélar .
Rappelons ici quelques repères :
L’église d’origine ( construite au-dessus de la crypte ) dont on situe la construction entre le IXème et le XIème siècle fut agrandie en 1540/1550 donnant lieu à une première consolidation de la voûte de la crypte qui devait supporter le choeur .
En 1659 le drainage sous le sol de la crypte fut totalement renové , entrainant la pose d’un nouveau dallage .
En 1766-1768 des cloches furent installées .
En 1790 le réseau d’évacuation des eaux fut à nouveau remanié et l’accès sud de la crypte obturé comme le furent vraisemblablement les deux premières fenêtres en vis-à-vis sur les faces nord et sud . Toutefois la voûte construite au pied de cet accès sud existe toujours et reste visible en face du débouché de l’actuel escalier .
En 1902-1903 enfin fut entreprise la construction d’une nouvelle église , l’ancienne ayant été totalement démantelée . Une nouvelle fois cela donna lieu à renforcement de la crypte , mais sans affecter les dispositions d’origine .

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Revenons un instant au pied de l’accès nord à la crypte ( l’escalier actuel ) pour nous attarder une seconde sur la « fontaine » de fort modestes dimensions , toujours remplie d’eau claire , sans que l’on sache vraiment ni d’où vient cette eau , ni où elle va .
On a voulu y voir une fontaine druidique ! d’autres prétendent que l’eau qu’elle contenait servait à l’administration de baptêmes !
Quoiqu’il en soit , elle partage la dévotion populaire dont jouit toute la crypte de Saint Mélar .
On imagine volontiers le pèlerin passant devant la fontaine – dans laquelle il jette une pièce – contournant le sarcophage situé entre les deux gros piliers sculptés , faisant une génuflexion devant l’autel installé au fond de la crypte où est installée aujourd’hui une statue de Saint Mélar et ressortant par la porte sud.
Notons pour terminer que la crypte a été classée monument historique en 1851.
Yann Lazennec

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Pour en découvrir davantage , consulter la bibliographie  et aller voir la crypte.
Pour une visite guidée cliquer sur les liens suivants :
www.tourisme-morlaix.com/lanmeur-melar-crypte.fr
www.tourisme-morlaix/crypte-rpmane-lanmeur-bretagne.fr

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Les fouilles

A la suite d’une décision de l’administration des monuments historiques de restaurer la crypte, une campagne de fouilles fut entreprise en avril 1985 ,  la crypte fut ensuite remise en état  en Juillet 1991 ; cela explique l’aspect récent du rejointoiement des pierres de voûtes et des murs , ainsi que certains enduits , en particulier à l’endroit ou se trouvaient deux fenêtres aujourd’hui murées.
Ces fouilles permirent de conforter un certains nombre d’hypothèses relatives à l’évolution du bâtiment au fil du temps . Par exemple que le problème d’une eau parfois trop abondante avait été pris en compte dès l’origine de la construction .
La refection du dallage en 1659 permit de mettre à jour un empierrement ancien qui ramenait l’eau à un puisard situé approximativement au centre de la crypte .
Ce puisard s’étant avéré très insuffisant à de nombreuses reprises et au cours des travaux de 1659 un nouveau réseau de canalisations fût installé , ainsi que le petit bassin( « fontaine » ) . Il est à noter que les pierres en arc de cercle qui délimitent le bassin  de nature différente ( granit et grès ) le relèvent d’un cercle de 65 cm de diamètre et pourraient provenir d’une cuve de rouissage du lin.

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Les inondations de la crypte n’ont pas cessé pour autant et ce n’est qu’après la création d’un tout à l’égout dans la ville de Lanmeur en 1967 qu’elles se sont estompées . Entre temps , en 1790 a été aménagé dans la direction nord-sud un canal d’évacuation des eaux qui passe sous la crypte et par conséquent sous la nef de l’église supérieure dont on découvrit alors qu’elle reposait sur une forêt de pieux en bois ; ce qui laisse supposer que l’endroit a pu être un lieu de culte antérieur au christianisme.
Tout cela n’a pas empêché les infiltrations d’eau de perdurer. Pendant les travaux de 1985 il a fallut installer une pompe qui  dut fonctionner en permanence pendant toute la durée des travaux .
Quoiqu’il en soit , ces mêmes fouilles de 1985 ont permis de confirmer que les dessins figurant sur les deux gros piliers ( seuls décorés ) représentaient bien une plante qui se développe en milieu humide : des ophioglosses dont les racines apparurent alors au dessous du niveau du dallage indiquant que le sol avait été légèrement remonté au cours des siècles , peut-être pour diminuer la nuisance résultant des inondations par trop fréquentes ?
Les dalles utilisées sont probablement , en tous cas en partie , des dalles funéraires datant de la fin du XVIème siècle, l’une d’elle portant gravées les lettres A GRALL . On peut bien sûr regretter que le dallage d’origine fait de morceaux de schiste beaucoup plus petits n’ait pu être remis en place .
Quant aux piliers il est difficile de dire s’ils ont été taillés pour les besoins de la crypte elle-même au moment de sa construction ; certains chercheurs supposent plutôt que ce sont des pierres de réemploi (1) .
Avant de poursuivre avec quelques informations sur le mobilier archéologique mis à jour au
cours de ces fouilles , revoyons encore une fois quelques dates marquantes :

  • Xème-XIème siècle : construction de la crypte .
  • 1540-1550 : agrandissement du choeur de l’église supérieure .
  • 1659 : construction d’un réseau de drains et dallage de l’ensemble de la surface au sol .
  • 1766-1768 : restauration de la nef de l’église supérieure .
  • 1790 création d’un canal sous-terrain – Pont ar Christ - et obturation de l’accès sud à la crypte .
  • 1853 : réfection de la toiture de la nef avec des ardoises de Locquirec .
  • 1985 / Avril : début de la campagne de fouilles .
  • 10 décembre 1902 : démarrage des travaux de construction de la nouvelle église .

Revenons maintenant aux fouilles elles mêmes .

Dans la troisième travée de la nef , celle qui est située au sud c'est-à-dire à l’opposé de l’accès actuel , a été découvert sous le dallage de 1659 une sorte de brancard en bois , probablement une " fiertre " servant à l’époque à transporter les dépouilles des défunts .
Parmi les autres objets mis à jour pendant ces fouilles, on notera de nombreuses pièces de monnaies ( 426 au total ) ainsi que des objets de piété dont une croix de chapelet représentant Sainte Anne , des grains de chapelet (en buis , en verre , en ivoire) , des médailles pieuses pour la plupart des XVII et XVIIIème siècles , et aussi des pendeloques très anciennes .
Par ailleurs , cachés dans une cavité du granit sous le petit bassin ( fontaine ) ont été découverts des fragments d’ossements ( dont l’analyse a montré qu’il s’agissait d’ossements humains ) , des épingles , un petit cône façonné à partir d’une feuille de laiton .
Dans l’ordre chronologique , les objets les plus anciens sont les pendeloques ( ornements suspendus à un collier ou à une boucle d’oreille ) .

 

Les pendeloques (3) – en os – sont datées du VIII-IXème siècle .

Les épingles pourraient avoir été utilisées pour fermer des bourses ou des aumônières .
Une autre version les rattache à cette tradition voulant que les jeunes filles qui jetaient une épingle dans le bassin étaient assurées de se marier dans l’année si tant est que l’épingle voulait bien flotter quelques instants à la surface de l’eau .
Le cône en laiton lui , serait ce qui reste d’un pinceau de maquillage datant du haut moyen âge et donc contemporain des pendeloques .
Comment des objets aussi hétéroclites ont-ils pu arriver à cet endroit reste un mystère .
Les deux pièces de monnaies les plus anciennes sont deux deniers d’argent attribuables à Conan III Duc de Bretagne de 1112 à 1148 . Très curieusement on ne retrouve ensuite que deux pièces datant de la période 1580/1600 . Quatre siècles ? est-il possible que le sanctuaire ait été délaissé pendant une période aussi longue ? aucune explication satisfaisante n’a pu être donnée jusqu’à ce jour .
D’autres monnaies s’étalent sur la période 1610/1700 ; beaucoup datent de l’époque Louis XIII ( 55 pièces ) et  Louis XIV ( 31 pièces ) .Cela traduit-il un regain d’intérêt pour la crypte et le culte de Saint Mélar ? sans doute .
Enfin 8 pièces datent de l’époque révolutionnaire ( 1790/1799 ) (2).


saint-melar-crypteLes pendeloques évoquées plus haut remontent elles aussi au moyen âge et sont donc à peu près contemporaines de la tôle en laiton , alors que les croix ou images pieuses sont beaucoup plus récentes ( XVII , XVIIIème siècle ) .
Enfin , d’autres objets mais d’un intérêt très limité ont aussi été mis à jour ( éléments de vitrage résille en plomb , ardoises de couverture , un dé à jouer ………. ) ; nul doute que ces objets soient en rapport avec les travaux de rénovation de l’église supérieure .
Notons pour terminer que la statue de Saint Mélar toujours visible aujourd’hui au fond de la crypte - à l’endroit ou se trouvait un autel au moyen âge - date du XVIIIème siècle et ne relève  évidement pas des fouilles .

yann Lazennec

groupe patrimoine de l’Ulamir.
(1) L. Pape « la civitas des osimes à l’époque Gallo-Romaine » - Paris 1978 A 118
(2) A. Bigot « Essai sur les monnaies du royaume et du duché de Bretagne » - Paris
1857 page 49 VII N°6 .
(3) P Guigon « les pendeloques de la crypte de Lanmeur (Finistère) « .
Revue archéologique de l’ouest T II 1985 pages 121 125

 

Le Sarcophage

Curieusement nous savons très peu de chose sur le sarcophage ayant servi de cercueil à la dépouille de Saint Mélar .

Philippe Guigon ( voir bibliographie à la fin de « la crypte » ), auteur de plusieurs articles sur le sujet dans le bulletin de la société archéologique du Finistère à qui nous avons emprunté beaucoup d’informations pour nourrir l’histoire de St Mélar , ne le mentionne même pas .

 

Le lecteur se souviendra pourtant que nous avons souligné en décrivant la crypte qu’elle comportait trois travées .
On suppose que la travée centrale accueillait le sarcophage , les travées nord et sud servant de déambulatoire pour les fidèles venant prier devant la dépouille .
Nous nous souviendrons également que les fenêtres aménagées dans les murs nord et sud de la crypte permettaient selon toute vraisemblance aux regards extérieurs de découvrir précisément le centre de la crypte et donc le sarcophage .

 

En 1900 J.M. Le Joncour , prêtre à Plestin les Grèves relève sous forme d’un dessin une inscription gravée sur la pierre en forme d’arc de cercle qui délimite la partie gauche du petit bassin semi-circulaire .
Malgré un moulage sur place et malgré toute l’attention prêtée à cette inscription , elle n’a jamais pu être déchiffrée .
J.M. Le Joncour a supposé – mais à tort – que cette pierre pouvait provenir « du cercueil primitif de St Mélar » . Il appartenait plutôt à une cuve de rouissage du lin (1) comme nous l’avons déjà évoqué ici .
Le sarcophage était selon Louis Le Guennec (2) en « pierre de grain » , c'est-à-dire en granit .
Ce même Louis Le Guennec indique qu’il fut enlevé de la crypte pour être placé au dessus du maître autel dans le coeur de l’église supérieure où il était encore visible dit-il à la fin du XVIIème/début du XVIIIème siècle .
Aurait-il été déplacé en 1540 au moment de l’agrandissement du choeur de l’église supérieure ? ou encore en 1659 pour faciliter le chantier de drainage et la réfection du dallage à cette époque ?
Il semble tout à fait étrange qu’aucune information précise ( à notre connaissance ) , n’ait pu être découverte jusqu’à ce jour sur un bloc de granit probablement très lourd à déplacer !
L’énigme demeure .

Yann Lazennec

Groupe Patrimoine de l’Ulamir
(1) communication personnelle de Yves-Pascal Castel faite à Philippe Guigon en 1988 .
(2) L. Le Guennec « guide du pays de Lanmeur » p. 33/34 Morlaix 1912

 

Les reliques

Que sont devenues les reliques de Saint Mélar ?

Au cours de la seconde moitié du IXème siècle les moines de Kernitron ( qui étaient vraisemblablement les constructeurs et gardiens de la première crypte ) ont dû quitter le pays , fuyant les invasions Normandes et leurs saccages ( le village a été détruit puis incendié en 877 ) . Dans leur exode les moines emportèrent bien entendu leur précieux trésor qui reposaient jusque là dans le sarcophages lui-même déposé dans la crypte comme nous l’avons précédemment décrit . Ces reliques furent transférées dans un premier temps pour partie à l’Abbaye de Redon (1) et pour partie à celle de Léhon à coté de Dinan . Ce ne fut qu’une étape sur le chemin de leur dispersion car les moines de Léhon à leur tour durent fuir devant l’envahisseur . Par la suite on en retrouve la trace à l’abbaye parisienne de Saint Jacques du Haut Pas ou les reliques furent partagées pour satisfaire la demande de nombreux monastères ou paroisses ( Orléans , Meaux et même un couvent de religieuse à Amesbury en Grande Bretagne ) . Comme pour les reliques de beaucoup d’autres saints , cet éparpillement géographique a largement contribué à la diffusion du culte de Saint Mélar qui , déjà saint patron de Lanmeur a été adopté par plusieurs autres paroisses dont Locmélar entre Landivisiau et Sizun dans le Finistère dont l’église abrite une relique de l’un des bras de Saint Mélar . A Lanmeur , en revanche, la relique - à notre connaissance - n'a jamais été authentifiée . Ce modeste fragment (voir photo ) est présenté à la vénération des fidèles le jour du pardon .

reliques-st-melar01 reliques-st-melar02

Yann Lazennec - Groupe patrimoine de l'Ulamir

(1) D.B. Degremont « Recherches sur Saint Mélar , Méloir ou Mélor » - Bulletin de la Société Archéologique du Finistère - Tome CI 1973 p 328 332 .

Fin de l’histoire

Dans les chapitres précédents nous nous sommes efforcés d’éclairer la légende de saint Mélar sans perdre de vue les points de repères historiques liés au personnage . C’est sans nul doute l’émotion et la pitié suscitées par la mort injuste et cruelle d’un prince modèle mais surtout grâce au récit romanesque du moine Albert Le Grand que l’image du saint a eu une telle influence sur les communes alentours. Les lignes qui suivent permettront au lecteur intéressé de suivre le fil de cet essaimage et le cas échéant de trouver un but à ses promenades dans notre proche environnement.

 

st-melar-2013-06-10L’église Saint Mélar de Lanmeur

  • Juste à droite du portail sud avant de pénétrer dans l’église une grille recouvre une partie d’un tunnel appelé « pont ar Christ » permettant à un ruisseau , le Lapic de passer sous l’édifice en direction du nord vers la mer .
  • Un lavoir municipal récemment restauré , situé à 50m au nord de l’église , atteste encore aujourd’hui de l’existence de ce ruisseau qui alimente le lavoir et poursuit son cours dans la petite vallée.
  • C’est donc à cet endroit alors en pleine nature au VIème siècle - et aujourd'hui sous l'église - que les taureaux (ou les chevaux ?) blancs tirant le char qui portait le corps de saint Mélars se sont « par la volonté de Dieu » embourbés dans les marais du Lapic .
  • A cet endroit fut édifiée une première chapelle funéraire – en bois – pour abriter le corps du jeune martyr bientôt sanctifié par la voix populaire .

st-melar-2013-06-09La crypte

Elle a été largement décrite dans un chapitre précédent. Nous nous souviendrons tout de même de la statue de saint Mélar en robe monacale dont on peut noter qu’elle a perdu sa « palme du martyre» ; cette statue est probablement du XVIIIème siècle.

Le château de Beuzit

La Boissière et les douves de saint Mélar ( en breton : douvejou sant mélar ) sont situées sur la route qui conduit de Lanmeur à Plouezoc’h à environ 1km du bourg au lieu dit Rupulven . Une villa gallo-romaine était probablement implantée à cet endroit devenu ensuite une motte féodale puis un château fort qui fut détruit au XVIème siècle , pendant les guerres de la Ligue .

st-melar-2013-06-08Les fossés se devinent encore et sur le coté d’un sentier on peut découvrir , lorsqu'il n'est pas caché par la végétation , un bloc de diorite au creux duquel une cavité pourrait ressembler à l’empreinte d’un pied . C’est selon la légende le " sabot de saint Mélar " sur lequel il aurait régulièrement pris appui pour se mettre en selle .

Il pourrait s’agir c'est vrai d’un " perron " , cette pierre qui servait d’appui pour monter à cheval, ou encore d’une " pierre de serment " utilisée dans les cérémonies rituelles de passation de pouvoir et très fréquentes en Bretagne , mais aussi en Irlande et en Ecosse .

st-melar-2013-06-07Saint-Jean du-Doigt

Depuis le village de Saint-Jean-du-Doigt un chemin balisé permet d’accéder à la chapelle Saint Mélar construite en 1601 et agrandie en 1621 . Cette chapelle en très mauvais état au début du XXème siècle a été restaurée de 1975 à 1978 grâce à l’association des amis de Saint Mélar , association à laquelle nous avons emprunté beaucoup des informations présentes dans cette page . Nous remercions sincèrement ici de nous avoir autoriser l'accès à leur travail .

  • A l’intérieur de la chapelle une statue de saint Mélar dans la tradition et la posture qui évoque son martyre est toujours visible .
  • La  croix située à l'extérieure de la chapelle fût érigée en 1786 ; en contre bas en descendant vers la vallée des moulins la fontaine qui date du XVIIème siècle est toujours accessible.
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st-melar-2013-06-04La statue ci-contre est beaucoup plus ancienne que la précédente .
Elle se trouvait dans la chapelle jusqu’à ce qu’un riche Américain en fasse l’acquisition en 1937 .
A sa mort son héritière en a fait don au Musée de Morlaix ou elle est toujours entreposée .

 

st-melar-2013-06-03Plougasnou

La trace de saint Mélar se retrouve dans le vitrail du chevet de l'égise parroissiale ( l'église Saint Pierre ) où il apparaît parmi neuf autres saints entourant le Christ et la vierge . Pour le repérer il faut observer attentivement la manière dont il maintient le livre saint dans lequel il est plongé, grâce à sa seule main droite , celle dont il fut amputé et qui s’est miraculeusement reconstituée .

st-melar-2013-06-02Plouezoch

La chapelle du Mouster ( « monastère » en breton ) se situe sur un tertre entre les lieux dits « foën » et « pen ar guer » un peu à l’écart de la route qui mène de Lanmeur à Plouezoc’h . Autrefois on pouvait y voir une statue de saint Mélar qui portait sa tête dans sa main gauche alors que pendait le moignon de sa main droite

Guimaëc

A Guimaëc il ne reste plus aujourd’hui que quelques pierres ayant appartenu à la chapelle "névez"datée de 1636 et dédiée à saint Mélar . Une statue ancienne de Saint Mélar en bois polychrome est aujourd’hui visible dans le chœur de l’église du village. Non loin de là , une fontaine dite « miraculeuse » dont le linteau porte l’inscription 1637 gravée dans la pierre a été restaurée en 1974 .

st-melar-2013-06-01Locquirec

Le maître -autel de l’église de Locquirec est orné de cinq panneaux appliqués en bas relief et représentant saint Claude , saint Jean- Baptiste , saint Jacques ( le saint patron de l’église ) , saint Mélar (latinisé en "sanctus Mélorius" ) et enfin sainte Barbe . On remarquera que saint Mélar tient toujours dans sa main droite la main amputée mais qui s’est miraculeusement reformée et Dans sa main gauche un sceptre attribut de la royauté comme la couronne posée sur sa tête . Il est revêtu d’un inhabituel manteau parsemé d’hermines .

Jean-François Clec’h, chanoine, curé-doyen de Lanmeur de 1825 à 1870, repose au cimetière.

 

Il fut curé doyen de Lanmeur et du canton pendant plus de 45 ans jusqu’à sa mort en 1870.
Ses paroissiens étaient pleins de respect pour sa vie simple et austère et  admiraient sa culture.
C’était aussi un guérisseur, nous dirions aujourd’hui un thérapeute. Il soulageait  ses visiteurs, de leurs maux (ceux du corps aussi bien que ceux de l’esprit) et ce, gratis. Cependant il était fréquemment remercié par des dons (francs,  louis d’or, napoléons) qu’il conservait.
A son décès, le magot était assez important pour qu’on envisageât la construction du presbytère toujours visible à côté de la Mairie.

 

Après sa mort  en 1871 et le transfert de sa dépouille en 1881 dans cimetière actuel, on y roulait les nourrissons sur sa tombe les « tri l’un de Mis Mae » (trois premiers lundis de mai) après les avoir au préalable  trempés dans la fontaine de Leslec’h (Kernitron) et avant de les présenter à l’autel de la Vierge dans la chapelle. Ce rite ancien plus ou moins christianisé était destiné à assurer aux bébés des jambes bien droites ; il dura jusqu’à la guerre de 1914-1918.
Même mort, l’abbé Clec’h guérissait encore !

Tombe de l’abbé Clec’h, la troisième à gauche, passé le chevet de l’église, en entrant par l’accès principal au cimetière.

Epitaphe sur la dalle du monument funéraire:

ICI REPOSE / Monsieur Jean CLEC’H / Chanoine honoraire /M Curé de Lanmeur : Mort le 14 Avril 1870 / Agé de 81 ans
Dilectus Deo et hominibus / Cujus memora in / benedictione es / Ls CORVEZ MORLAIX.

Extrait de « mémoire des hommes » par la section patrimoine de l’Ulamir

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Pour les lanmeuriens, il n'est pas évident de faire le lien entre Lanmeur et le Jack Kérouac des plaques commémoratives du rond-point de Kervoac , l'écrivain que Lanmeur a déjà célébré par deux fois à l'initiative de Valérie Derrien en lui consacrant un festival .

 

En 1998, quand Clément Kirouac du Québec n'en était qu' au début de son enquête et ne faisait que supposer le lien avec les 3 hameaux (Kervoac creiz, kervoac izella, Kervoac Uhella), il cherchait encore avec les 5000 Kirouac du Canada , un nommé Maurice-Louis Le Bris de Kervoac qui aurait hérité ou acheté à la famille Le Bihan de Lanmeur sa particule et le nom de Kervoac.

C'est Patricia Dagier généalogiste de Quimper qui retrouvera toutes les traces, remontera la piste et révèlera l'incroyable histoire.

Un ancêtre « capable de tout »

En 1727 , un certain Urbain François Le Bihan de Kervoac quitte Huelgoat pour le Canada.
Son arrière-arrière-grand-père était Henri Le Bihan notaire à Lanmeur , son arrièregrand- père Auffroy(1618-1662) a fait un riche mariage à Morlaix et prospéré dans le commerce des toiles et son grand-père Laurens notaire, est venu s'établir à Huelgoat en se faisant appeler Le Bihan Sieur de Kervoac (bien que Kervoac n'ait jamais été une seigneurie).
Son père François Joachim notaire à Huelgoat,marié à Catherine Bizien signe Kervoac Le Bihan ou Le Sieur le Bihan de Kervoac.
Et comme les frères d'Urbain François, notaires eux aussi ont déposé leur nom pour l'authentification des signatures avec d'autres particules , c'est à lui que revient le nom de Le Bihan de Kervoac.

 

Mais sa conduite scandaleuse en 1720 va le mener à l'exil pour échapper à la justice au lieu de devenir notaire dans la bonne tradition familiale.
Les débordements divers d'Urbain François, les accusations portées contre lui de friponnerie, de vol , de brigandage et même de tentative de viol ont si gravement compromis l'honneur de la famille que son père le met sur un navire pour la Nouvelle France en espérant ainsi le faire un peu oublier en Bretagne où de toute façon il n'a plus aucune possibilité de réussite ni de vie honorable.
Il ne reverra ni sa famille ni la Bretagne.

 

Durant toute sa vie au Canada , on peut le suivre à la trace par ses signatures grâce à l'extraordinaire enquête de Patricia Dagier qu'elle relate dans « Jack Kerouac Breton d'Amérique » ; il n'aura en effet de cesse de dissimuler sa véritable identité avec une «maestria» admirable.
Au début, Urbain François signe Hyacinthe Louis Alexandre De K/voach Le Bihan ou Alexandre Le Bihan mais ensuite, commerçant en fourrures, il se présente comme Allexandre (sic) Le Breton ou seulement Alexandre. Quand lui naît un fils, Simon-Alexandre Bernier en 1732, l'acte de baptême indique qu'il est le fils d'un certain Alexandre voyageur et de Louise Bernier qui vont se marier 8 mois plus tard.
Le marié prétend alors s'appeler Maurice Louis Le Bris de Kervoach et se déclare le fils de François Hyacinthe Le Bris de Kervoach et de Dame Véronique -Magdeleine de Meseuillac (pure invention bien sûr ! mais que n'aurait-il pas inventé pour échapper à la justice aussi bien au Canada pour usurpation d'identité au détriment d'une famille noble qu'en France pour tous ses délits ?).

Qui pourra s'y retrouver quand il signe en 1733 tantôt Louis De K/voach tantôt Maurice-Louis Le Bris K/voach dit Alexandre pour toucher de l'argent de son beaupère? Il réduit bientôt son nom à Alexandre De Kervoac sauf à la naissance de son 2ème fils Jacques qui est dit « Fils du sieur Louis Le Brice de Karouac ». Il va rendre service à la justice et se faire une honorable réputation en aidant à l'arrestation d' un malfrat, sous le nom d'Alexandre le Breton et poursuit son ascension sociale ; il a un 3ème enfant, Alexandre présenté comme fils de « Monsieur Louis le Brice de Karouac » mais il signe sur l'acte :Alexandre de K/voach !! En 1737 quand notre Urbain François meurt à Kamouraska, son acte de décès porte « Alexandre Keloaque, breton de nation, agé d'environ trente ans et faisant fonction de commerçant ».

Couvert de dettes, il laisse sa femme « veuve de Louis Maurice de Karouac »sans ressources avec trois jeunes enfants qui engendreront de nombreux descendants . Parmi eux, Jean-Baptiste Kerouac , canadien français émigré aux USA, dont le fils Léo Kerouac établi à Lowell (Massachusetts ) se marie en 1915 à Gabrielle Lévêque, les parents de Jack Kérouac à qui son père répétait « Ti jean, souviens-toi que tu es breton ».

 

Toute cette histoire n'aurait pu être élucidée sans les trois années de recherches intensives, la ténacité et le talent et de Patricia Dagier.

Pour retrouver toutes les péripéties de cette passionnante aventure avec en parallèle , la vie de Jack Kérouac à travers sa recherche obstinée de ses origines , il faut absolument lire

  • Jack Kérouac, breton d'Amérique de Patricia Dagier et Hervé Quéméner aux Editions du Télégramme paru en 2009et disponible à la bibliothèque de Lanmeur.
  • « Satori à Paris » de Jack Kérouac paru en 1966 où il raconte son voyage en France à la recherche de ses origines bretonnes.(en poche chez Gallimard).

Sylvie Duplant section patrimoine de l'Ulamir

Festival Jack Kerouac "il se disait breton"

lavoir-kernitron-01Les travaux réalisés autour de la fontaine et du lavoir de Kernitron font du parc de loisir un ensemble agréable à découvrir au détour d’une promenade, et lorsque le temps le permet prendre le temps de faire une pause sur les petits murets en pierres en observant l’eau couler de la fontaine vers le lavoir.

La fontaine et le lavoir de " SOLANGE " sont vraiment des endroits agréables, abrités, et bien rénovés.

 

Cette fontaine était supposée avoir des vertus curatives auxquelles la légende rattache les dons très particuliers que la tradition prête à l'abbé Clech curé-doyen de Lanmeur dans la deuxième moitié du 19ème siècle.

Lire également: L'abbé Clech et l'eau de la fontaine

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